Faut-il céder au chant des sirènes?
L’investissement en capital (capital-investissement, ou private equity) a la cote au Canada, notamment parce qu’il offre des perspectives de rendement supérieures à celles des actions canadiennes. Mais tous les investisseurs devraient-ils pour autant se précipiter sur ces actifs?
Au Canada, seuls les investisseurs qualifiés peuvent investir directement dans des entreprises privées. Avant de se lancer, ils devraient considérer les risques dans leur ensemble, rappelle Arthur Salzer, PDG et directeur de l’investissement de Northland Wealth Management, dans le Financial Post.
Il souligne que dans ce secteur, les meilleurs gestionnaires, ceux qui se classent dans le premier quartile, offrent des rendement de 10 % et plus supérieurs à leurs pairs. Les gestionnaires qui se situent sous la moyenne ne génèrent pas suffisamment de rendement par rapport aux risques et à l’illiquidité de ces placements, ou pire, ils perdent de l’argent.
Cela vient du fait que ces gestionnaires sont beaucoup plus actifs et efficaces que ceux des portefeuilles d’actions en Bourse. Par crainte d’une contre-performance qui nuirait à leur carrière, ces derniers tendent à produire des rendements qui se rapprochent de ceux de leur indice de référence (moins les frais). Il n’y a généralement pas beaucoup de gains importants ou de pertes importantes par rapport à l’indice, pour ceux qui font appel à des gestionnaires actifs dans les marchés publics.
PAS FACILE D’ACCÈS Le hic, c’est que pour les investisseurs qui détiennent un portefeuille de moins de 10 millions de dollars ou qui font affaire avec des conseillers dans les banques ou chez les grands courtiers, il est difficile d’obtenir les services des meilleurs gestionnaires en capital-investissement. D’autant que l’investissement minimal dans ces fonds est généralement de cinq millions de dollars ou plus.
Les clients des family offices peuvent y accéder avec un minimum beaucoup plus faible de 250 000 dollars, car ces firmes sont considérées comme des investisseurs institutionnels. Dans un tel cas, une bonne stratégie serait d’allouer entre 10 et 25 % d’un portefeuille à différents produits d’un bon gestionnaire en capital-investissement. En général, un fonds capital-investissement est désigné par son millésime, c’est-à-dire l’année de ses premiers investissements et il a une durée de vie d’environ 10 ans.
STRATÉGIE DE SORTIE Le moment d’entrée dans un fonds de capital-investissement est un défi pour les investisseurs. En effet, les investissements d’un tel fonds ne se font pas d’un coup, mais sont plutôt échelonnés sur une période d’environ cinq ans. Par la suite, il y a une période d’accumulation, puis une sortie. La stratégie de sortie a donc une grande incidence sur le rendement final. Par exemple, un gestionnaire de fonds qui arrive en fin de parcours à faire entrer l’entreprise dans laquelle il a investi en Bourse ou à la vendre pour un bon prix maximisera son rendement. Comme dans toutes stratégies d’investissement, miser sur une diversification de fonds de capital-investissement diminue les risques. Cela permet aussi de créer un programme d’investissement qui se finance lui-même, en réinvestissant au fil des ans les gains réalisés dans les investissements précédents.
Cependant, prévient Arthur Salzer, si l’investisseur ne peut avoir accès aux meilleurs gestionnaires, il devrait passer son chemin en ignorant le chant des sirènes. Sinon, il pourrait bien s’offrir dix années d’une odyssée périlleuse.